La législation européenne alimentaire va-t-elle vers davantage de simplification ? Qu'il s'agisse de composition des denrées, hygiène et sécurité, information du consommateur ou loyauté des messages publicitaires, la législation européenne aborde tous les sujets liés à l'aliment et couvre toutes les étapes menant de "la fourche à la fourchette". D'une kyrielle de textes verticaux (corps gras, sucres, cacao, lait, confitures, miel, viandes…) émerge la volonté d'une réglementation horizontale (étiquetage, publicité, additifs, pesticides, matériaux en contact, hygiène, contrôle, urgence sanitaire…). Marqués par les crises sanitaires des années 1990 (cf. "la vache folle"), la Commission européenne et les Etatsmembres ont entamé une profonde révision de la législation alimentaire : contrôle officiel de la chaîne alimentaire (1), "Paquet hygiène " (2) et enfin, la pierre angulaire de la législation européenne alimentaire, le règlement cadre 178/2002 du 28/01/2002, qui établit les principes généraux de la législation alimentaire.
Face à l'éclatement de la réglementation et sa technicité, la nécessité d'une information claire et compréhensible pour le consommateur est indispensable. En outre, il ne peut y avoir de libre circulation des denrées alimentaires sans une réglementation harmonisée. Forte de cet objectif de clarification et d'harmonisation, la Commission Européenne a initié une refonte des textes sur l'information et l'étiquetage avec le projet de règlement "information des consommateurs sur les denrées alimentaires" (3). Après trois ans d'âpres négociations entre instances communautaires, l'Europe des 27 est parvenue à un accord politique autour de deux thèmes majeurs d'information : origine/provenance des denrées alimentaires et ingrédients primaires (l'étiquetage obligatoire est étendu à toutes les viandes, aux ingrédients primaires (4), et envisagé, éventuellement, pour le lait, produits laitiers, viande utilisée comme ingrédient etc…) et information nutritionnelle qui devient obligatoire (sous forme de tableau : énergie, lipides, graisses saturées, glucides, protéines, sucres et sel - par 100 g/ml et facultatif par portion), et harmonisée. Le nouveau règlement fixe des obligations d'étiquetage (ex : date de congélation, origine de l'huile végétale, signalétique d'allergènes, taille minimale de caractères). Mais, in fine, se pose la question de la pertinence de l'information, trop d'informations tue l'information et le temps de lecture de l'étiquette reste limité à quelques secondes. L'information doit aussi rester techniquement et économiquement adaptée aux entreprises de l'alimentaire.
Le consommateur veut plus d'informations sur les produits (origine, impact sur l'environnement…) mais considère que les informations des étiquettes sont trop complexes, trop denses, peu lisibles. L'avenir est certainement à un étiquetage donnant l'information essentielle (cf. liste des ingrédients, poids, information nutritionnelle, DLC/DLUO…) avec mise à disposition d'une information plus large, dématérialisée. Le règlement prévoit cette évolution possible et la France s'est déjà dotée de l'outil adapté avec ProxiProduit (5). Aux marques et fabricants d'"alimenter" l'application : à vos souris !
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