Marques & luxes

Luxe, mot singulier, qui ne ressemble pas à ce qu'il signifie. Il sonnerait plutôt comme un impératif, un soufflet, un éclair, loin de son sens propre, loin de l'évocation que le poète a su lui insuffler : “Là, tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté”.

Les étymologies sont variées et quelles que soient les époques où elles puisent leurs racines, elles éclairent mais ne traduisent pas le sens que le mot exprime dans notre langue d'aujourd'hui. Qu'importe du reste, car si le concept est à peu près unanimement partagé, les personnalités et les modes en multiplient les expressions.

De la profusion ostentatoire au dépouillement de l'épure, de la contemplation d'oeuvres des métiers de la main aux contentements intellectuels, des arts de la table à l'art de voyager, le luxe est multiple. La perception des marques l'est également : Christian Dior, Chanel, Louis Vuitton est le tiercé gagnant pour les Français, celui des Américains, Lexus, Mercedes, BMW, la mode pour les premiers, les limousines ou 4x4 pour les seconds ; Allemands et Anglais adoptant des positions intermédiaires mais bien différenciées. Chinois, Japonais, Russes, ayant, on peut le parier, leurs propres grilles !

Dans le même temps, on voit se multiplier des “niches” dans les secteurs les plus variés : joaillerie, parfumerie, gastronomie... qui ont réussi à susciter des tribus d'initiés partageant les mêmes codes subtils de reconnaissance. Et puis il y a nos petits luxes quotidiens avec, notamment, Nespresso, Fauchon, Labeyrie... autant “d'éclats de luxe” qui savent rendre la vie un peu plus douce.

L'historien arabe, Ibn Khaldûn, écrivait à la fin du XIVe siècle, de manière prémonitoire :“le but de la civilisation, c'est la culture et le luxe. Une fois ce but atteint, la civilisation se gâte et décline, suivant en cela l'exemple des êtres vivants”. Puissions nous faire en sorte que perdure le plus longtemps possible, notre quête civilisatrice au travers un foisonnement de luxes sans cesse renouvelé.